L'esprit du samurai

L'esprit du samurai

Ce qui suit est totalement mon point de vue, à ce jour, et peut être que je le renierai quand mon Kyudo sera plus affiné.

Trois facteurs inattendus m'ont amené à cette reflexion: le Kyudo est un "sport" de Samurai et il faut s’en souvenir à chaque instant.

Le premier est le Championnat de Monde de Kendo au Budokan la semaine dernière et notamment, et étonnement, l’attitude de l’équipe Coréenne.
Ces coréens avaient tout au long de leur parcours une attitude de samurais sauvages, de force brute mais domptée et canalisée vers un but.

Bien sur, on retrouve cette attitude dans l’équipe japonaise, mais a mes yeux d’étranger elle était plus lisible chez les coréens, car sans doute plus grossière.

En kendo on entre dans le shiai-jo avec un esprit de combattant. Il faut la victoire. On n’imagine pas entrer dans un combat avec l’idée en tete d’améliorer son kikentai.
Ce serait un manque de respect pour son adversaire et conduirait inévitablement a la défaite.

Le kyudo est un combat et l'esprit du combattant doit être permanent. Oui, c'est un combat contre soi-même, on ne cessera jamais assez de "rassurer" tout le monde mais c'est le plus dur des combats et cela devrait effrayer plus que rassurer.

Le second facteur est un de nos plus jeunes senseis au Kyudo-jo. Il est militaire de carrière et pratique le kyudo avec passion. Une sorte de Mishima du kyudo.
Son état d’esprit autour et pendant le kyudo est ferme et dynamique. Il m’a déjà conseillé d’aller plus vite dans mes gestes, d'y mettre plus de determination.
Sa pratique est très similaire a celle d'un kendoka et assez éloignée de l’attitude de beaucoup de senseis.
Je pense qu’il atteint une sorte de beauté dans son attitude. Mais je comprends que son "chantier" est d'encapsuler cette force brute sans l'étouffer pour autant.

Enfin, étonnamment, j’ai trouvé une attitude similaire en observant nos voisins de building au bureau (et oui!). Notre voisin, de l’autre coté de la rue, mais au meme etage de nous, a une attitude rude et déterminée. J’ignore tout de lui. Il est un personnage silencieux pour moi. Pourtant, je me suis construit une histoire autour de ce personnage. Il travaille dans la finance, dirige une équipe de 100 personnes. Il est en reflexion permanente sur des decisions stratégiques qu’il conclue par quelques cigarettes en terrasse plusieurs fois par jour.
J’ai collé a ce personnage, une personnalité qu’il n’a sans doute pas mais cet exercice m’a permis de nourrir ma reflection.

Le Kyudo est une activité de samurai.

Il faut entrer dans le shajo avec le meme esprit que celui qui nous anime quand on entre dans le shiaijo du kendo. Nous sommes nous-meme dans notre force la plus naturelle.
Il me semble inutile de penser a son tenouchi et autres details techniques. Les details techniques sont a travailler au Makiwara.

Les 3 buts du kyudo sont la Vérité, la Bonté/Vertu, la Beauté. Cette dernière doit naitre de l’accomplissement des 2 premiers.

Il est donc cruciale d’être vrai, entier, soi-même lorsque l’on pratique le kyudo. Quitte a être un peu brute comme ce jeune sensei militaire. Faire sortir le samurai qui est en nous et cela est tout sauf jouer un role.

De cette Vérité, de cette authenticité, nait une bonté naturelle. L’etiquette doit être sincere car en étant pleinement soi-même, il n'y a aucune raison d'avoir de sentiment sur le monde qui nous entoure.

La beauté est a entendre comme la beauté de Wabi-sabi, je pense. Je ne suis pas sur. Une beauté brute, imparfaite mais réelle, concentrée, tout sauf lisse et a chaque fois différente et personnelle (je dois revenir sur ce sujet je crois).

Mes conclusions sont un peu rapide car on pourrait écrire un livre sur le sujet mais il me semble que mes tirs sont bien plus précis lorsque j’amène avec moi l’état d’esprit du kendoka dans le kyudo.

Cet état d’esprit est a construire des les premiers pas dans le dojo. Il serait meme a construire dans sa vie entière.

Il me semble que c’est l’extension de ce que je nommais (peut être a tord ?) le Nobiai dans mes precedents postes. Mais avec du recul, je me rends compte que j’élargie cet état d’esprit du moment du tir au Shajo. Avec l’espoir de l’élargir du Shajo a ma vie entière, et en permanence.

Qu'en pensez-vous ?